Contexte – problématique

Comment est née cette idée de recherche ?

Depuis l’ouverture du Bachelier en Psychomotricité, l’équipe pédagogique de HELMo avec son partenaire HEPL a fait un travail conséquent pour affiner et clarifier la démarche d’évaluation préalable à l’élaboration des prises en charge en psychomotricité, à savoir l’élaboration d’un bilan psychomoteur, et soutenir les étudiants dans l’intégration de celle-ci.

Cette démarche consiste en plusieurs étapes :

  • Récolter des données anamnestiques (par la réalisation éventuelle d’un entretien clinique avec le patient et/ou sa famille) ;
  • Passer des épreuves et/ou de (parties de) tests psychomoteurs standardisés, réaliser des observations ciblées sur les différentes acquisitions des fonctions instrumentales liées au développement psychomoteur (fonctions motrices, fonctions affectives, fonctions cognitives) ainsi que sur les fonctions relationnelles (manière dont le patient est en relation à l’espace, au temps, aux objets, aux autres et à soi-même) par la proposition d’activités dirigées, semi-dirigées ou spontanées en salle de psychomotricité ;
  • Intégrer toutes les données relatives aux fonctions instrumentales et aux foncions relationnelles au profit d’une lecture intégrée de la dynamique du patient mettant en évidence des hypothèses quant à son fonctionnement, en lien avec sa situation pathologique, et des objectifs de soin psychomoteur ;
  • Rédiger un rapport.

La formalisation d’une telle démarche est un enjeu important pour les professionnels de la psychomotricité car dans l’élaboration du bilan psychomoteur réside toute la spécificité du point de vue du psychomotricien sur le fonctionnement du patient. C’est notamment sur base de cette démarche d’évaluation que le psychomotricien peut assoir sa complémentarité vis-à-vis des autres professionnels médicaux et paramédicaux au sein d’une approche interdisciplinaire du patient.

Les Maîtres de Formation Pratique (MFP) supervisant les étudiants sur leurs lieux de stages ont, cependant, fait le constat d’un manque récurent de précisions, d’aboutissement et de mises en lien dans la réalisation pour la dynamique psychomotrice, par les étudiants, des bilans psychomoteurs de leurs patients dans les différentes étapes de la démarche décrite précédemment.

Ces constats mettent en lumière l’absence d’un outil méthodologique pour aider à l’intégration de la dynamique psychomotrice d’un bénéficiaire, à savoir d’une lecture intégrée des différentes fonctions psychomotrices dans leur interdépendance.

En analysant la situation des professionnels en fonction afin de dégager des pistes d’amélioration, il apparait que les professionnels utilisent certains outils propres à leur formation de base. En effet, comme développé ci-dessous, bon nombre de psychomotriciens sont soit initialement psychologues, soit kinésithérapeutes, ergothérapeutes ou encore logopèdes. Ces origines variées ont pour effet d’orienter la rédaction du bilan psychomoteur en fonction de l’orientation première de celui qui le rédige, sur le versant sensorimoteur ou le versant psycho-affectif (cf. ci-après).

Dans quel contexte s’inscrit-elle ?

Pour bien définir le contexte de cette recherche, il faut prendre appui sur l’historique du métier de psychomotricien. En effet, la psychomotricité est une profession qui s’est inscrite et inspirée au cours de son histoire de différents mouvements de pensée et s’est vue reliée tantôt au tout psychique, tantôt au tout moteur. Elle se trouve encore aujourd’hui prise en tension par cet héritage. Or, comme l’écrit N. Raynal (2007), le psychomotricien s’occupe de « la manifestation d’un ensemble de signes, dans et par le corps, dont la nature biologique est objectivable mais dont l’expression à la fois consciente et inconsciente prend sens dans un contexte relationnel particulier où l’émotion et la parole, éléments subjectifs, tiennent une place capitale et où des processus psychothérapeutiques sont présents » (pp. 30-42).

Ces antécédents propres au métier ont plusieurs implications :

  • Sur le terrain, cela a contribué à l’émergence d’un ensemble hétéroclite de pratiques d’évaluation et de façons d’incarner et de mettre en œuvre l’exercice professionnel.

Des professionnels ont ainsi créé, de façon empirique pour la plupart, des outils d’évaluation qui répondent tant bien que mal à leur besoin en fonction de la pratique dans laquelle ils sont engagés.

  • De plus, bon nombre de tests psychomoteurs existent mais ils n’offrent qu’une vision partielle (voir aucune) de la dynamique psychomotrice d’un bénéficiaire.

Dans le Bachelier en Psychomotricité, la disparité des pratiques et outils en termes de bilan psychomoteur génère des difficultés

  • pour les professionnels de terrain dans leur mandat de référent de stage confrontés aux acquis d’apprentissage définis pour les AIP par l’équipe pédagogique de la Haute Ecole, qui ne sont pas toujours en phase avec leurs pratiques propres.
  • pour les étudiants, dans la construction de leur identité professionnelle ;
  • pour les MFP amenés à accompagner les étudiants dans le cadre de leurs stages, qui sont confrontés à la difficulté de concilier les attentes définies dans les Activités d’Intégration Professionnelle (AIP), les pratiques de terrain et leur propre identité professionnelle ;

Quelle est la pertinence de la recherche dans le contexte actuel ?

Cette recherche prend tout son sens à ce moment charnière pour la formation en psychomotricité en Belgique. L’organisation de la formation sous la forme d’un bachelier de plein exercice étant récente (2012), la majorité des professionnels exerçant sur le terrain ont été formés à un autre métier avant de se spécialiser en psychomotricité. Cela mène à une certaine hétérogénéité des approches et des pratiques. En créant le Bachelier en Psychomotricité, les bases vers une homogénéisation des pratiques ont été posées. Afin de poursuivre dans ce sens, le développement et la diffusion d’outils communs validés représente une étape clé.