La simulation procédurale dans les formations en santé existe depuis très longtemps. Le premier simulateur a été confectionné de manière artisanale par Angelique Marguerite Du Coudray au XVIIIème siècle. En effet, Louis XIV, très préoccupé par l’évolution démographique, a jugé bon d’améliorer la formation des accoucheuses pour préserver la vie de ses sujets. Madame Du Coudray, reconnue comme accoucheuse de la cour royale, s’est sentie investie de cette mission. Sachant que les accoucheuses de l’époque étaient souvent très peu instruites, Madame Du Coudray, en plus de l’enseignement théorique, a décidé qu’il fallait parler à leurs mains et leur permettre de s’entrainer afin d’améliorer leurs compétences et d’éviter les drames obstétricaux. Elle a construit un simulateur d’accouchement grandeur nature avec toutes les annexes afin de simuler les accouchements des plus simples au plus compliqués (photos ci-dessous). Actuellement, des simulateurs grandeur nature sont toujours utilisés dans l’enseignement de l’obstétrique. Le principe de base est resté identique mais ils sont construits dans des matières plus contemporaines. Il est important d’enseigner le geste, les gestes pour que l’apprenant se sente en sécurité une fois immergé en situation réelle. L’apprentissage du geste est très important et n’est plus à démontrer.
À ce jour au niveau de la formation des sages-femmes, le système mis en place au XVIIIème siècle et modernisé est très utilisé. Le système présente une difficulté majeure pour le formateur : bien engager le fœtus et le faire glisser dans la filière pelvienne par poussée. Le formateur occupé à réaliser ces gestes est dans l’incapacité d’observer et d’évaluer le geste d’accouchement exécuté par l’apprenant. Au stade actuel, aucun simulateur ne permet une descente et un dégagement fœtal sans l’intervention du formateur qui reste à l’opposé de ce qu’il devrait observer. De plus, ce geste très répétitif exécuté plusieurs fois pour chaque apprenant n’est pas ergonomique pour le formateur et peut, à terme, mener à des problèmes au niveau du dos et des épaules.
Au niveau de l’offre actuelle sur le marché, à côté des dispositifs manuels, les mannequins haute-fidélité obstétricaux offrent parfois des modules à acquérir en complément du mannequin de base. Toutefois, ces modules sont peu performants au niveau des possibilités de variantes dans la procédure et leur coût est très élevé au regard des possibilités qu’ils offrent. D’autant plus que la simulation en soins de santé utilisant ces mannequins haute-fidélité vise à entrainer les étudiants dans l’acquisition de compétences en jugement clinique. Utiliser ces mannequins à des fins de développement de compétences techniques comme la réalisation de soins, très procédurales, est éloigné des objectifs visés par la simulation haute-fidélité.https://www.laerdal.com/be-fr/products/simulation-training/obstetrics-paediatrics/simmom/ https://www.dailymotion.com/video/x3lctse
Pour obtenir la validation de leur diplôme les étudiants sages-femmes doivent faire preuve de la réalisation de 40 accouchements durant leur cursus de formation. C’est-à-dire qu’elles doivent poser ces gestes en autonomie. La pratique et l’entrainement sur simulateur est un incontournable avant l’immersion dans la réalité des stages en salle de naissance. Or, les centres de formation initiales et continuées des sages-femmes ne dispose donc actuellement pas d’outils approprié permettant de se centrer sur l’apprentissage du geste, ce qui est essentiel. Les partenaires proposent le développement d’un simulateur d’accouchement robotisé qui permettrait d’augmenter considérablement la norme du réalisme de la mécanique obstétricale. Le système de délivrance proposé permettrait l’acquisition de gestes naturels dans un contexte proche du réel. De plus, libéré de ses tâches de “moteur du fœtus », le formateur pourra se concentrer sur l’observation des gestes des apprenants.