1. Projet mené par Brigitte Plomteux et portant sur la compétence « compréhension à la lecture » relative à un texte d’un sujet à caractère socio-économique et visant une compréhension fine de l’entièreté du texte
Si l’objectif est d’améliorer la compréhension à la lecture, il semble évident qu’il faudra la travailler.
Il existe beaucoup de manières de tester la compréhension d’un texte, allant de questions fermées (vrai / faux, QCM, gap fill, …) à des questions plus ouvertes (questions sur le texte – question en néerlandais et réponse en néerlandais, question en français et réponse en néerlandais, question et réponse en français – ou encore résumé du texte). Mais comment faire la part des choses entre la connaissance du monde (pour rappel, le texte de l’examen portait sur des conseils pour faire une bonne présentation – sujet connu des étudiants), la connaissance de la langue (toutes les connaissances que l’étudiant a du néerlandais, en vocabulaire et grammaire, au moment où il doit faire le test) et les techniques de lecture (stratégies, moyens de compenser ce qui leur manque en connaissance du monde et connaissance de la langue)? Que teste-t-on en fin de compte: la connaissance que l’étudiant a déjà du sujet, ou sa connaissance de la langue, qui lui permet de comprendre le message, et bien d’autres?
C’est pourquoi mon souhait est de pouvoir développer un ensemble d’activités de compréhension axées sur les phénomènes de langue, pour par ce chemin aboutir à une meilleure compréhension de textes en néerlandais.
Parmi ces activités, voici les pistes déjà envisagées:
- Observation des étudiants pendant la lecture: combien de temps mettent-ils pour lire, combien de temps sont-ils capables de lire sans interruption, comment lisent-ils? (eye tracking – existe-t-il des études portant sur la lecture en langue maternelle et langue étrangère quand les structures sont différentes, comme c’est le cas en français et néerlandais?). Quels enseignements peut-on en tirer?
- Elaboration d’un questionnaire permettant de mieux comprendre les choix que les étudiants font dans un exercice gap fill, afin de pouvoir corriger les erreurs en leur permettant de faire les choix corrects (notamment “apprendre à résister” (Houdé 2014): apprendre à faire les choix plutôt par algorithme que par heuristique de jugement: décision rapide et intuitive, mais qui peut être erronée si on ne respecte pas les contraintes grammaticales par exemple).
- Mise à disposition d’exercices visant la
compréhension de la langue dans le texte, plutôt que la compréhension du
message.
Cet ensemble d’exercices devrait être utilisé dans le cours de BAC2 en commerce international, durant au moins un semestre, et faire partie intégrante du cours de néerlandais. Il faudra aborder des problèmes pratiques, comme les groupes qui seront concernés, le temps à consacrer, les stimuli pour les étudiants participants, etc – sans parler des incertitudes concernant la reprise des cours en septembre 2020…
2. Projet mené par Sabine Jacob et portant sur Développement d’un outil d’entrainement en ligne pour améliorer et consolider la maîtrise des règles écrites du français
Dans les bacheliers du département économique et juridique (ADV-ADL-COOP-DRT), ce sont 177 étudiants qui ont réalisé le Parcours et 92 qui l’ont terminé, c’est-à-dire à peu près la moitié. Le taux est sensiblement identique chez les instituteurs préscolaires, ce qui veut dire que des étudiants de profils différents ont eu le même « engagement ». L’éventuel effet de cohorte semble donc pouvoir être écarté. Certains facteurs ont probablement joué sur l’engagement des étudiants ainsi que sur leurs résultats tels que le rôle des enseignants (rappels réguliers ou non de faire les tests du Parcours) ainsi que la présence des étudiants au cours de français.
Résultats
Il ressort des résultats aux prétest et post-test que les étudiants ayant réalisé l’entièreté du Parcours guidé ont un meilleur score au post-test (amélioration de 3.63 points pour ceux ayant terminé le Parcours et 1.90 pour ceux ne l’ayant pas terminé).
Graphique n°1 : Moyenne des résultats obtenus aux pré et post-test avec ou sans Parcours guidé
Il en va de même pour la dictée effectuée au bachelier en droit ainsi que pour le résultat de l’examen de français.
Graphique n°2 : Résultats de la dictée effectuée en prétest et en post-test au bachelier en droit.
Image n°6 : Moyenne de la note obtenue à l’examen de français pour les sections Assistant de direction (Liège et Verviers), Coopération internationale et Droit, avec ou sans Parcours guidé.
Cependant, les données recueillies nous montrent également que la moyenne des étudiants ayant réalisé le Parcours est meilleure au prétest en ligne ainsi qu’à la dictée, ce qui voudrait dire que ce sont les « bons » étudiants qui ont réalisé le Parcours et non ceux qui présentaient des lacunes en orthographe.
C’est pourquoi nous avons décidé de regarder de plus près les résultats des étudiants des groupes ADV et ADL, et plus précisément la progression des étudiants qui avaient obtenu un score inférieur à 12/20 au prétest. En d’autres termes, nous avons observé les scores des moins bons étudiants parmi ceux qui avaient effectué l’entièreté du Parcours. En moyenne, ils ont progressé de 5.4 points, ce qui est appréciable.
Graphique n°3 : progression (prétest/post-test) des étudiants ayant obtenu une note inférieure à 12/20 au prétest.
- Conclusion
Au vu des résultats, il semblerait que le Parcours guidé soit efficace : il offrirait à l’étudiant la possibilité d’améliorer sa compétence orthographique. Cependant, seule une étude empirique avec un groupe test et un groupe contrôle permettrait de le vérifier scientifiquement et, dès lors, de l’affirmer.
Par ailleurs, cette expérimentation nous donne également l’opportunité d’éviter certains biais, comme le rôle joué par le professeur. Enfin, nous avons pu observer que la carotte (le point bonus) ne fonctionne pas, ou pas suffisamment, puisque ce sont principalement les bons étudiants qui utilisent le dispositif. Le bâton serait-il donc plus efficace que la carotte ?
Perspectives
Une prolongation du projet est envisagée, mais plus sous forme de recherche. Le dispositif devrait être implémenté dans plusieurs départements et devrait être géré et développé par un comité de pilotage.
Cependant, dans le futur, il serait intéressant de mener une nouvelle recherche afin d’étudier l’efficacité du dispositif selon le prisme des étudiants. En effet, nous ne nous sommes pas encore penchés sur la façon dont les étudiants percevaient l’outil (sa conception, son utilisation, son efficacité, etc.). Il serait également opportun de croiser ces données avec la perception de leur compétence orthographique.
Les références bibliographiques se trouvent dans la partie Divers.